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était hors d’usage et que, dans ces conditions, il n’arriverait à aucun résultat, Egil lâcha épée et bouclier, se lança sur Atli et le saisit à bras le corps. Alors apparut la différence des forces. Atli tomba à la renverse, tandis qu’Egil, se baissant par terre, lui déchira la gorge à coups de dents. Atli y laissa la vie. Egil se releva prestement et courut vers la victime du sacrifice. D’une main, il la saisit par la bouche, de l’autre par une corne, la jeta par terre les pieds en l’air et lui brisa l’épine dorsale. Ensuite, il rejoignit ses compagnons et dit :

Cette fois-ci, Dragvandil aux bleus reflets,
Que nous brandîmes, ne mordit pas le bouclier,
Car Atli le Court
Émoussa le tranchant[1].
Je fis appel à mes forces
Contre le guerrier hâbleur ;
De mes dents, avec effort,
Je fis mourir mon adversaire.

Dans la suite, Egil s’appropria tous les biens qui avaient fait l’objet de la querelle et qu’il revendiquait comme ayant appartenu à sa femme Asgerd, du chef de son père. On ne dit pas s’il s’est produit d’autres événements à ce thing. Tout d’abord, Egil entra dans le Sogn pour s’occuper des terres qu’il venait d’acquérir en toute propriété, et y séjourna une grande partie du printemps. Plus tard, il se rendit avec ses compagnons à Vik, dans l’est, et alla voir ensuite Thorstein, chez qui il resta quelque temps.

66.

Retour d’Egil en Islande. Ses enfants.

Dès qu’il eut tout mis en ordre, Egil apprêta son bateau et, dans le courant de l’été, se mit en route pour regagner l’Islande. Il eut une traversée heureuse, pénétra dans le Borgarfjord et aborda non loin de sa ferme. Il transporta les marchandises à la

  1. Suivant la croyance populaire, les berserkir possédaient le pouvoir magique d’émousser les armes de l’adversaire.