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Je m’apprête au combat, mais je ne lui laisse
Aucun espoir de se voir ménagé.
Je brûle du désir d’entre-choquer les boucliers
Avec ce gaillard, dans Möri.

Sur ces mots, Egil s’apprêta au duel contre Ljot. Il avait le bouclier qu’il portait d’habitude et était ceint de l’épée qu’il appelait Nad, et à la main il tenait Dragvandil. Il franchit les bornes de l’enceinte où devait se livrer le combat, alors que Ljot n’était pas encore prêt. Il brandit l’épée et dit ces vers :

Je manie le glaive aux brillants reflets,
Je frappe de la lame le bouclier rond,
J’éprouve le tranchant de l’acier,
Je rougis l’arme dans le sang.
J’enverrai Ljot à la mort
Et arrangerai piteusement le pâle gaillard.
Je donnerai du repos à ce batailleur.
Le fer attirera les aigles sur son cadavre.

Là-dessus, Ljot s’avança dans l’arène. Aussitôt, ils se lancèrent l’un contre l’autre. Egil se jeta sur Ljot qui para les assauts avec son bouclier ; mais Egil frappa coup sur coup, si bien que Ljot ne parvenait pas à riposter. Celui-ci lâcha pied en faisant le tour de l’enceinte ; mais Egil le poursuivit avec une égale rapidité et lui porta des coups terribles. Ljot, franchissant les bornes du champ clos, courut à travers la plaine. Ainsi se passa le premier engagement. Alors Ljot demanda un répit qu’Egil lui accorda. Ils s’arrêtèrent et se reposèrent. Ensuite Egil dit :

Homme généreux[1] ! Il me semble
Que le champion recule quelque peu.
Il a peur, l’ambitieux personnage,
À qui la victoire échappe.
Le combattant, qui interrompt ses coups,
N’est pas inébranlable.
Le scélérat court à travers la plaine,
Cédant le terrain à la tête chauve.

À cette époque, en vertu des lois régissant le duel, lorsque celui qui, pour une raison quelconque, avait provoqué un autre,

  1. Egil, par ces mots, s’adresse sans doute à Fridgeir.