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nèrent là trois nuits, retenus par le mauvais temps, et y goûtèrent la plus généreuse hospitalité. Finalement, la tempête s’apaisa. Egil et ses hommes se levèrent le matin de bonne heure et firent leurs apprêts. Ils se mirent à table et on leur servit de la bière à boire. Le repas dura quelque temps. Là-dessus, ils reprirent leurs vêtements. Egil se leva et remercia le propriétaire et l’hôtesse de leur hospitalité. Ensuite on sortit. Le bondi et sa mère leur donnèrent un pas de conduite. Gyda se mit à causer avec Fridgeir, son fils, et s’entretint avec lui à voix basse. Egil s’arrêta pendant ce temps pour les attendre.

Parlant à la jeune fille, Egil lui demanda : « Pourquoi pleures-tu, mon enfant ? Je ne te vois jamais gaie. »

Elle ne put répondre et pleura de plus belle.

Fridgeir, en réponse, dit à sa mère à haute voix : « Je ne veux rien demander de la sorte en ce moment ; les voilà prêts à partir. »

Alors Gyda s’approcha d’Egil et lui dit : « Je vais te raconter, Egil, ce qui se passe ici, chez nous. Il y a un homme qui s’appelle Ljot le Pâle. C’est un berserk[1] et un fanatique du duel. On le déteste. Il est venu ici demander la main de ma fille ; mais nous lui avons fait une réponse brève et nous avons repoussé ses propositions. Là-dessus, il a provoqué en duel mon fils Fridgeir et demain la rencontre doit avoir lieu dans une île appelée Vörl[2]. Or, je voudrais, Egil, que tu accompagnes Fridgeir au duel. Il est un fait certain, c’est que, si Arinbjörn était dans le pays, nous n’aurions pas à subir les violences d’un individu comme Ljot. »

« Il est de mon devoir, ô femme, par sympathie pour Arinbjörn, ton parent, d’accompagner ton fils, s’il pense que ma présence peut le protéger dans une certaine mesure. »

« C’est bien agir ainsi, » dit Gyda ; « rentrons donc dans l’appartement et restons ensemble toute la journée ».

Egil et ses hommes rentrèrent dans la salle. Ils y burent et y passèrent la journée. Or, au soir arrivèrent des amis de Fridgeir, qui avaient projeté de se joindre à lui. Il y eut là, pendant la nuit, une foule nombreuse et l’on fit un grand festin. Le lende-

  1. V. ch. 1, n. 2.
  2. Auj. Vallerö, près d’Aalesund.