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vers l’habitation et y trouvèrent Önund. Egil fit alors connaître le but de sa visite et réclama d’Önund la répartition de l’héritage de Björn, alléguant que la fille de Björn avait, en vertu des lois, les mêmes titres à la succession de son père, « car il me semble », ajouta-t-il, « qu’Asgerd doit être considérée comme étant de par sa naissance beaucoup supérieure à Gunnhild, ta femme ».

Önund répondit sur un ton très impertinent : « Tu es un personnage excessivement audacieux, Egil ; proscrit par le roi Eirik, tu arrives en son pays dans l’intention de chercher querelle à ses sujets. Tu ne dois pas oublier, Egil, que j’ai ruiné des gens de ton espèce, même pour des raisons moins graves que ne me paraissent les prétentions que tu fais valoir sur l’héritage au nom de ta femme. D’ailleurs, il n’est personne qui ignore que, du côté de sa mère, elle est d’origine servile ».

Önund continua un certain temps à parler avec colère. Mais Egil, voyant qu’il se montrait absolument intraitable en cette matière, l’invita à comparaître en justice et porta la cause devant le tribunal du Gulathing.

Önund riposta : « Je me rendrai au Gulathing et je saurai faire en sorte que tu ne t’en ailles pas de là sain et sauf ».

Egil déclara qu’il tenterait l’aventure et que, malgré tout, il se présenterait au thing. « On verra alors comment notre différend sera tranché. »

Sur ces mots, Egil s’en alla avec les siens. Arrivé à la maison, il fit à Arinbjörn le récit de son voyage et lui rapporta les réponses d’Önund. Arinbjörn s’irrita fort que Thora, la sœur de son père, eût été appelée servante. Il alla trouver le roi Eirik et lui exposa la situation. Le roi accueillit ses paroles avec quelque aigreur et trouva qu’Arinbjörn avait longtemps et trop assidûment pris fait et cause pour Egil. « C’est à toi qu’il le doit, si j’ai toléré sa présence en ce pays ; mais aujourd’hui, tu as l’air de vouloir me braver, en le soutenant pour qu’il moleste mes amis ».

Arinbjörn dit : « Tu nous traiteras, en ces circonstances, selon les lois ». Le roi, de ce fait, était assez surexcité. Arinbjörn trouva que la reine cependant nourrissait des intentions beaucoup plus malveillantes. Il retourna chez lui pour dire que l’affaire prenait une tournure peu rassurante. L’hiver se passa