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seilla de les faire attendre jusqu’au matin. Les prisonniers furent donc solidement liés et enfermés dans un bâtiment isolé. Egil fut attaché à un pilier par les mains et les pieds. Après avoir soigneusement fermé la place, les Courlandais s’en allèrent dans la grande salle, mangèrent, burent et furent fort joyeux. Egil donna de brusques secousses pour ébranler le pilier et réussit à le détacher du parquet. Bientôt le pilier tomba. Egil s’en débarrassa et dénoua avec ses dents les liens qui retenaient ses mains ; une fois qu’il eut les mains libres, il détacha les liens de ses pieds et délivra aussi ses camarades. Lorsque tous furent libres de leurs entraves, ils recherchèrent un endroit par où ils eussent le plus de chance d’échapper. Les parois de la construction étaient faites de grosses poutres. Sur un des côtés de la place il y avait une cloison plate. Ils s’y précipitèrent, rompirent cette séparation et arrivèrent dans une autre salle également entourée de parois en poutres. Voilà que sous leurs pieds ils entendirent des voix d’hommes. Ils examinèrent l’endroit et découvrirent une trappe dans le plancher. Ils l’ouvrirent. En dessous il y avait une profonde cavité dans laquelle ils entendirent parler. Egil demanda alors qui était là. Quelqu’un répondit et dit qu’il s’appelait Aki. Egil demanda s’ils désiraient sortir de la cavité. Aki déclara qu’ils le feraient volontiers. Là-dessus Egil et ses amis firent descendre dans le souterrain les cordes qui avaient servi à les ligotter et tirèrent trois hommes au jour. Aki dit que les autres étaient ses deux fils, qu’ils étaient Danois et qu’ils avaient été réduits en captivité l’été précédent. « Pendant l’hiver, » ajouta-t-il, « je fus bien traité ; j’avais fréquemment la garde du troupeau du propriétaire ; mais les garçons, réduits à l’état d’esclaves, eurent la vie dure. Un jour de printemps nous avions décidé de prendre la fuite ; mais nous fûmes bientôt découverts et relégués dans le souterrain que voici ». « Alors tu dois connaître la disposition de ces lieux, » répondit Egil, « et savoir par où il y a le plus d’espoir de s’évader. » Aki dit qu’il y avait là une seconde paroi en planches. « Démolissez-la et vous arriverez dans la grange au blé, d’où l’on peut sortir comme on veut. » C’est ce qu’on fit. Les gens d’Egil rompirent la paroi, et pénétrèrent dans la grange pour de là gagner le large. Il régnait une obscurité profonde. Les compagnons manifestèrent le désir de se réfugier