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pas de bière ici, pour que je puisse vous traiter comme je voudrais ; il faudra donc vous contenter de ce qu’il y a. » Ölvir et ses hommes avaient grand soif et burent le lait avec avidité. Ensuite Bard fit apporter une infusion de gruau d’avoine qu’ils burent de même[1]. « Je serais tout disposé, » ajouta Bard, « à vous offrir une meilleure boisson, s’il y en avait. » La paille ne manquait pas dans la place ; il les invita à s’étendre là-dessus pour dormir.

44.

Assassinat de Bard.

Ce même soir le roi Eirik et Gunnhild arrivèrent à Atley. Bard avait préparé un banquet en leur honneur et l’on devait faire un sacrifice aux Dises[2]. Le repas fut excellent et l’on but copieusement dans la salle. Le roi demanda où était Bard. « Je ne le vois nulle part. » Quelqu’un répondit : « Bard est au dehors occupé à soigner ses hôtes. » — « Quels sont ces hôtes, » reprit le roi, « pour qu’il trouve qu’il soit plus urgent de s’occuper de ceux-là, que d’être ici auprès de nous ? » On lui fit savoir que des serviteurs du hersir Thorir venaient d’arriver. « Va les trouver à l’instant, » dit le roi, « et dis-leur d’entrer dans la salle. » Ainsi fut fait. On leur dit que le roi désirait les voir. Ils se présentèrent donc. Le roi reçut Ölvir aimablement et le fit asseoir en face de lui sur le haut siège ; ses compagnons prirent place un peu plus bas. Egil était assis à côté d’Ölvir. Ensuite on leur apporta de la bière à boire ; il y eut mainte rasade et à chaque coup il fallait vider la corne. Comme la

    moins que notre fromage à la crème. La seule différence est qu’au lieu de la manger avec une petite cuiller, on en prend une grande, qu’au lieu d’en absorber quelques grammes, l’Islandais en ingurgite des kilos, et cela à la fin du repas. » (H. Labonne, l’Islande, p. 53.)

  1. Le skyr, servi sous forme de boisson, et l’infusion de gruau étaient offerts aux visiteurs que l’on ne daignait pas honorer spécialement. De là, l’indignation d’Egil (ch. 44).
  2. Les Dises sont des ásynjur ou déesses tutélaires du Walhalla. Au solstice d’hiver, pour saluer le retour du soleil, on leur offrait un sacrifice (disablot) dont il est souvent fait mention dans les sagas.