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Enfance d’Egil. Ses premiers exploits et son premier voyage.

Skallagrim prenait grand plaisir aux exercices athlétiques et aux jeux d’adresse[1], et il aimait beaucoup à en parler. Le jeu de balle était alors en vogue[2]. Dans la contrée il y avait en ce temps bon nombre d’hommes robustes, mais aucun ne possédait la force de Skallagrim qui cependant était alors au déclin de l’âge. Thord, fils de Grani de Granastad, était un homme de fort belle apparence ; il était dans la fleur de l’âge et lié d’amitié avec Egil. Ce dernier, très adroit dans la lutte corps à corps, était fort brusque et violent. Aussi tous firent comprendre à leurs fils qu’ils devaient lui céder le terrain.

Au commencement de l’hiver, un jeu de balle très fréquenté fut organisé dans les plaines de la Hvita. De toutes les parties de la contrée les spectateurs affluèrent. Les gens de la ferme de Skallagrim s’y rendirent en grand nombre pour assister au jeu ;

  1. Les exercices physiques et le maniement des armes avaient pour les anciens Scandinaves un attrait tout particulier. Ils s’y livraient dès leur jeune âge et arrivaient souvent à un étonnant degré de perfection, en fait d’agilité, d’adresse et de force, dans la lutte corps à corps ou entre deux groupes, dans la course, le saut en hauteur et en longueur, le tir à l’arc, le jet de projectiles, l’escalade des montagnes, le patinage, la natation, l’art de plonger et autres sports dont il s’est conservé jusqu’à ce jour mainte tradition dans les pays germaniques.
    Dans le Rígsmal, str. 32, on lit :

    « Le jeune homme élevé à la maison paternelle
    apprenait à agiter le bouclier, à tresser des cordes,
    à bander l’arc et à fixer le bois aux flèches,
    à lancer le javelot, à manier la lance,
    à chevaucher les coursiers, à exciter les chiens,
    à brandir l’épée, à traverser le détroit à la nage. »

  2. Le jeu de balle passionnait la jeunesse. Il attirait généralement une foule nombreuse et se continuait parfois pendant plusieurs jours. Ce jeu, tel qu’il était pratiqué, présente une ressemblance frappante avec celui qui est en vogue de nos jours en Belgique, dans plusieurs régions de la Wallonie.