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IV.

fridthjof s’introduit dans le sanctuaire de baldr.


Aussitôt que les rois furent partis, Fridthjof revêtit ses habits de fête[1] et mit à son bras le magnifique anneau d’or. Ensuite les « frères nourriciers » s’en allèrent au bord de la mer et mirent Ellidi à flot[2]. Björn dit : « De quel côté, frère, faut-il gouverner maintenant ? »

« Vers Baldrshag », répondit Fridthjof, afin de nous réjouir auprès d’Ingibjörg ».

Björn dit : « Il faut se garder d’attirer sur soi la colère du dieu ».

Fridthjof reprit : « Je le risquerai néanmoins, car je fais plus de cas de la faveur d’Ingibjörg que de la colère de Baldr[3] ».

  1. Le bleu était la couleur préférée des étoffes précieuses et des vêtements de cérémonie. On voulait suivre en cela l’exemple d’Odin qui de son vaste manteau bleu recouvre la terre.
  2. En automne, le bateau qu’on n’utilisait point était mis à sec et placé pendant toute la durée de l’hiver dans un hangar spécial (naust, hróf), où on le maintenait au moyen d’étançons dans sa position horizontale.
  3. Ce langage irrévérencieux est très significatif dans la bouche de Fridthjof. Il montre qu’à l’époque où la saga fut composée, la colère des dieux n’inspirait plus aucune crainte à certaines personnes et que la profonde vénération des Scandinaves d’autrefois avait dégénéré en une indifférence et un dédain que l’on osait manifester au grand jour. Fridthjof pousse même l’impertinence et la frivolité