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trouvait un lieu de refuge et un grand temple entourés d’une solide clôture[1]. Il y avait là un grand nombre d’idoles ; mais on vénérait particulièrement Baldr. Les païens avaient pour ces lieux un respect tellement scrupuleux qu’il était défendu d’y causer aucun mal ni aux animaux ni aux personnes, et les hommes ne pouvaient y avoir aucun rapport avec les femmes[2].

    images des dieux étaient généralement taillées dans le bois (trégod, skurdgod) en grandeur naturelle ou bien, d’après Grimm et Simrock, faites d’une pâte de farine durcie par la cuisson et enduite de graisse ou d’huile ; souvent elles étaient richement ornées de vêtements précieux, d’or et d’argent. En face du dieu, sur une estrade, brûlait le feu perpétuel. Sur l’autel était déposé l’anneau d’argent (baugr) sur lequel on prêtait serment, ainsi que la grande coupe de cuivre (blótbolli) destinée à recueillir le sang des victimes, dont le sacrificateur aspergeait les statues, les murs du temple et toute la foule assemblée autour de lui. Pas une seule de ces idoles ne nous a été conservée. Elles devaient avoir une réelle valeur artistique, à en juger d’après les autres travaux de sculpture et de ciselure dont cette époque nous a légué des échantillons. — Plus tard il y eut en Islande des temples privés appelés blóthús (maison du sacrifice) ou hörgr. Le grand temple païen était désigné du nom de hof, godahús (maison du godi, prêtre et chef de district). D’après Finnur Jónsson (Festschrift für K. Weinhold, p. 13 et suiv.), en Scandinavie, le mot hörgr, qui signifie primitivement montagne, rocher, désignerait spécialement un temple consacré à des déesses et où des femmes présidaient aux sacrifices.

  1. L’endroit réservé au culte était entouré d’une clôture et considéré comme un asile de paix où l’on se trouvait sous la protection spéciale des dieux. On l’appelait gridastadr (lieu de paix) ou helgistadr (lieu sacré). Cf. le friduwih du Heliant ; mha. vrithof. C’était un refuge que personne ne pouvait violer, où l’on ne pouvait porter les armes, où devaient cesser toutes les haines, toutes les inimitiés, toutes les persécutions. Les exilés avaient le droit d’y séjourner quelque temps sans être inquiétés.
  2. Cette particularité semble se rapporter uniquement à l’endroit en question dans cette saga. Baldr n’est-il pas le dieu de la pureté,