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Vikingsson (le père de notre héros) où il a sans doute trouvé la généalogie de Fridthjof, ainsi que les détails sur l’épée Angrvadil et sur la manière dont celle-ci a été transmise aux ancêtres de Fridthjof[1], la saga de Hörd Grimkelsson, la Jómsvikinga saga, la Sörla saga sterka, sans compter les rapprochements avec le Havamál[2] et les réminiscences de poètes modernes. Tous ces emprunts, est-il besoin de le dire, ne peuvent diminuer en rien le mérite ni rabaisser le génie du poète. « Le poème de Tegnér », dit Calaminus (op. cit. p. 70), « se trouve vis-à-vis de l’ancienne saga qui lui a servi de base dans un rapport analogue à celui qui existe entre une peinture à l’huile saturée de couleur et un dessin au crayon représentant le même objet dans ses traits généraux, mais avec maintes variétés de détail et trahissant également la main d’un artiste ».

Tegnér a rajeuni le récit antique en lui imprimant une allure et un aspect conformes à l’idéal poétique de son temps. Il a passé sous silence les traits qui lui paraissaient de nature à offusquer le sentiment ou à choquer le goût du lecteur, par exemple la violation du sanctuaire de Baldr ; il a supprimé les scènes burlesques et les situations trop réalistes à ses yeux, telles les opérations qui se rattachent au culte des idoles (ch. IX). Idéaliste de

  1. Cette saga est postérieure à celle de Fridthjof ; elle contient quantité de légendes absurdes et de récits extravagants qui lui ôtent toute valeur historique ou critique. La fameuse épée Angrvadil, à en croire cette saga, aurait primitivement appartenu à un géant magicien de l’Inde ; Véfreyja, sœur de Fridthjof, en aurait hérité à la mort de Thorstein.
  2. Sermones Alti (i. e. Odini), dans l’Edda mythologique, est un groupement de sentences et de préceptes attribués à Odin. Il en a paru une trad. néerl. dans la revue limbourgeoise ’t Daghet in den Oosten (1898 et 1899).