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actuelle, évoquent le souvenir d’Alfheim ; Jäderen correspond à Jadarr ; Hördaland est le territoire actuel du Nord et Söndhorland ; les îles Solundar sont devenues les Sulen, et ainsi de suite.

Au temps du paganisme, y a-t-il eu, sur les bords du Sognefjord, un temple consacré au dieu Baldr ? À la fin du xviie siècle, à en croire J. E. Leganger, qui était à cette époque pasteur dans ces régions et qui a laissé une description topographique du Sogn, le peuple ne connaissait pas remplacement de Baldrshag, pas plus que l’endroit où s’élevaient les demeures de Beli et de Thorstein. Se basant sur ce témoignage, le savant danois Sophus Bugge (Studier… 1881, I, p. 272 et suiv.) nie l’existence du sanctuaire de Baldr. Mais faut-il vraiment s’étonner si, après une série de dix siècles, le souvenir même de ces noms s’est effacé de la mémoire ? Ailleurs, le peuple de nos jours a-t-il souvenance de toutes les divinités païennes auxquelles on rendait hommage autrefois et connait-il tous les lieux consacrés à leur culte ? La survivance du nom de Baldr dans Baldergrov est un indice très significatif et, malgré le silence des documents nordiques à ce sujet, rien ne nous empêche de croire qu’au haut moyen âge les riverains du Syrstrand aient eu en cet endroit un sanctuaire spécialement réservé au culte du « blanc dieu ».

L. Lársson est également disposé à nier le fondement historique des récits (cf. Fridthjófssaga, p. vi), pour la raison que nulle part dans les nombreux documents de la littérature norvégico-islandaise qui mentionnent le Sognefjord il n’est fait allusion aux événements relatés dans notre saga et que pas un seul texte islandais vraiment digne de foi ne vient confirmer les faits et gestes attribués à Fridthjof. Cet unique argument, tout intéressant qu’il