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dans la halle un homme beaucoup plus grand que les autres[1] ».

La reine répondit : « C’est une nouvelle peu rare ici ». S’adressant ensuite à un homme qui se tenait près de la table, il lui dit :

« Va demander à cet individu en capuchon qui il est, d’où il vient et quelle est sa famille ». Le serviteur courut à travers l’appartement jusqu’auprès du nouveau venu et dit : « Homme, comment t’appelles-tu, où as-tu passé la nuit et quelle est ta famille[2] » ?

L’homme au capuchon répondit : « Tu es prompt à poser des questions, serviteur ; mais es-tu à même de comprendre quelque chose, si je te donne les renseignements demandés » ?

L’autre assura qu’il en était capable.

  1. Les Scandinaves étaient alors déjà renommés pour leur haute taille. Celle de Fridthjof devait donc avoir des dimensions exceptionnelles. Les sagas abondent en récits relatifs à de véritables géants. Le Sigurd de la Völsunga saga (éd. W. Ranisch, Berlin, 1891, ch. 22) portait une épée longue de sept empans et dont la pointe touchait juste aux épis lorsqu’il traversait un champ de blé. Le roi de Norvège Harald enn hardrádi (H. le Sévère, † 1066) mesurait cinq aunes (v. la saga de ce nom, éd. R. C. Boer, Halle 1892 ch. 124). Le cercueil de pierre d’Örvar-Odd (v. la saga de ce nom, ch. 46) avait une longueur de sept aunes, etc. Les personnes de haute et large taille et de grande beauté physique jouissaient d’une considération particulière ; c’était même un titre, quelquefois le seul, à la dignité royale. C’est ainsi qu’un étranger, Thorir Hundsfuss, petit-fils du roi Hring des Uppdalir en Norvège, devint roi dans le Gautaland, grâce uniquement à la largeur de ses hanches. Cf. Weinhold, op. c. p. 29 et suiv.
  2. Questions typiques usitées dans les sagas pour dire : Qui es-tu et d’où viens-tu ? Cf. Hom. τίς πόθεν εἶς ἀνδρῶν ; πόθι τοι πόσις ἠδέ τοκῆες.