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i4 APPENDICE DU TOME I. donne même une étendue à ses dë&uts qui les rend énormes, et met ses bonnes qualités dans un jour ^i désavantageux, qu’elles deriennent plus dégoûtantes que ses défauts. Cependant, dès que cette même personne nous devient fovorable, ou que quelmt^un de nos intérêts Ta réconciliée arec nous, notre seule satisfaction rena aussitôt à son mérite le lustre que notre aversion venoit d’effacer. Tous set avantages en reçoivent un mi grand des biais dont nous les regardons; toutes ses mauvaises qualités bparoissent, et nous appelons même toute notiw indulgence pour la forcer à justifier la guerre qu’elles nous ont faite ^. Quoique toutes les pas- sions montrent cette vérité, Tamour la fait voir plus clairement que les autres, car nous voyons un amoureux, agité de la rage ou Ta mis un vi- sible oubli on infidélité découverte, conjure* le Ciel et les Enfers contre sa maîtresse; et néanmoins, atissitôt qu’elle s’est présentée et que sa vue a calmé la fureur de ses mouvements, son ravissement rend cette beauté innocente, il n’accuse plus que lui-même ; il condamne ses condamna- tionSy et, par cette vertu miraculeuse de l’amour-propre, il ôte la noirceur aux actions mauvaises de sa maitresse, et en sépare le crime, pour en char- ger MB soupçons. Ms. i663. -— Conforme au manuscrit autographe, sauf ces variantes : « il a encore celle de transformer des objets » ; a que notre amoui^propre juge les actions » ; a lorsque personne ne nous est contraire » ; a du biais dont nous les regardons d, et ce car nous voyons un amoureux agité de la rage ou l’a mb un visible oubli ou l’infidélité découverte, conjure (sic) le Ciel et les Enfers. Et néanmoins aussitôt qu’elle (jû;) s’est présentée, et que la vue a calmé la fureur de ces mouvements sans (sic) ravissement rend». Edit. [664* — Conforme au manuscrit autographe, sauf ces variantes : « de transformer les objets » ; « contre nous, c’est notre amour-propre qui juge ses actions; il donne même » ; a la réconcilie avec nous, notre seule satisfaction x> ; « le lustre que notre aversion venoit de lui ôter. Tous ses avantages en reçoivent un fort grand du biais dont nous les regar- dons ; toutes ses mauvaises qualités d ce pour la forcer de justifier la guerre qu’elle nous ont fait (sic). Quoique toutes les passions montrent cette v&ité, l’amour le fait voir plus clairement que les autres; car nous voyons un amoureux agité de la rage où l’a mis im visible oubli, ou pour une infidélité découverte, conjurer le Ciel et les Enfers, et néan- moins aussitôt que sa maîtresse s’est présentée, et que sa vue a calmé », et c pour en changer ses soupçons’. > XCVII Ms. AUT. — Le jugement n*est autre chose que la grandeur de la lu- mière de l’esprit ; on peut dire la même chose de son étendue, de sa profondeur, de son discernement, de sa justesse, de sa droiture et de sa délicatesse. L’étendue de l’esprit est la mesure de sa lumière ; la profon- deur est celle qui découvre le fond des choses ; le discernement les com- pare et les distingue ; la justesse ne voit que ce qu’il faut voir ; la droiture prend toujours le bon biais des choses; la délicatesse aperçoit les imper- I. Faites^ par mégarde, dans le manuscrit. a. Ainsi, pour « conjurer », à moins, ce qui n*est guère probable, qu*on ne doive suppléer « que » devant un amoureux. Nous verrons, onze lignes plus bas, que la copie de x663 a la même faute. . La maxime en forme, dans cette édition, deux qui sont ainsi fautivement coupées : € .... et la nature des choses soudainement en effet. « Lorsqn’ane personne^ ete, >