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MORCEAUX CRUS INÉDITS. gS avec quelque aigreur ^*il s’étonnoit de le voir passer si promptement d’un sentiment à un autre tout contraire : à quoi Monsieur de Luçon répondit ces propres paroles, que les nouvelles rencontres^ demandent de nouveaux conseils. Mais jugeant bien par là qu’il avoit déplu au maréchal, il réso«  lut de chercher les moyens de le perdre; et un jour que Déageant’ Tétoit allé trouver pomr lui faire signer quelques expéditions, il lui dit qu*il avoit une affaire importante à communiquer à M. de Luynes ^, et qu’il souhaitoit de l’en- tretenir. Le lendemain, M. de Luynes et lui se virent, où * Monsieur de Luçon lui dit que le maréchal d’Ancre étoit résolu de le perdre, et que le seul moyen de se garantir d’être opprimé par un si puissant ennemi étoit de le prévenir. Ce discours surprit beaucoup M. de Luynes, qui avoit déjà pris cette résolution, ne sachant si ce conseil qui lui étoit donné {>ar une créature du maréchal ^ n’étoit point un pié^e pour e surprendre et pour lui faire découvrir ses sentiments. Néanmoins Monsieur de Luçon lui fit paroitre tant de zèle Jour le service du Roi et un si grand attachement ^ à la ruine u maréchal, qu’il disoit être le plus grand ennemi de l’État, Sue M. de Luynes, persuadé de sa sincérité, fut sur le point e lui découvrir son dessein, et de lui communiquer le projet qu’il avoit fait de tuer le maréchal ; mais, s’étant re- tenu alors de lui en parler, il dit à Déageant la conversation qu’ils avoient eue ensemble et l’envie qu’il avoit de lui faire part de son secret : ce que Déageant désapprouva entière- ment, et lui fit voir que ce çeroit donner un moyen infaillible à Monsieur de Luçon de se réconcilier, à ses dépens, avec le maréchal, et de se joindre plus étroitement que jamais avec lui, en lui découvrant une affaire de cette conséquence : de sorte que la chose s’exécuta, et le maréchal d’Ancre fut tué. t. Rencontres aa sens de « eirtionstanees *, a. Dans le manuscrit : du Agent» — Gnicfaard Déageant de Saint-Mareelllnf moM en 1639 (selon Moréri), commis do contr61ear général, « homme d’eaprit habile et de facile conscience.... que le sieur de Luynes avait débauché, » dit Bazin dans son Histoire de France sous Louis XIII, tome I, p. 38a et 3o3. Il eut une part active aux intrigues de la cour dans les premières années du règne. . Le célèbre favori de Louis XIII, Charles d’Albert, duc de Luynes (1619), con- nétable de France (avril 1 6a i), né en 1578, mort en décembre i6ai. . Cest-à-dire, « dans laquelle entrevue, et dans cette entrevue », tournure fort elahre» mais à remarquer et li mettre an Lexique dans l’article de l’adverbe con- jonetif Ob, . c La marédiale d’Ancre, dit Basin (au tome cité, p. !I76), goAtait fort Riche- lieu, et le maréchal l’avait, dit-on, plusieurs fois désigné comme un habile homme qui en savait plus déjà que « tons les barbons » du vieux ministère. » « lEmpIoi à noter du mot aitaehemeni et li joindre au Lexique*