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90 APPENDICE DU TOME 1. vains préparatifs et à passer son contrat tout le temps qui pouvoit assurer son honneur. Mme de Montespan, qui le haïs- soit, avoit suivi néanmoins le penchant du Roi et ne s*étoit point opposée à ce mariage. Mais le hruit du monde la réveilla ; elle fit voir au Roi ce que lui seul ne voyoit pas encore ; elle lui fit écouter la voix puhlique ; il connut 1 étonnement des amhassadeurs, il reçut les plaintes et les remontrances respeo* tueuses de Madame douainère^ et de toute la maison royale. Tant de raisons firent longtemps halancer le Roi, et ce fut avec un[e] extrême peine qu’il déclara à Puyguilhem qu’il ne pouvoit consentir ouvertement à son mariage. Il Tassura néan«  moins que ce changement en apparence ne changeroit rien en effet ; qu*il étoit forcé, maigre lui, de céder à l’opinion gé- nérale, et de lui défendre d’épouser Mademoiselle, mais qu’il ne prétendoit pas que cette défense empêchât son bonheur. Il le pressa de se marier en secret, et il lui promit que la disgrâce qui devoit suivre une telle faute ne dureroit que huit jours. Quelque sentiment que ce discours pût donner à Puy- guilhem, il dit au Roi qu’il renonçoit avec joie à tout ce qui lui avoit * permis d’espérer, puisque sa gloire en pouvoit être blessée, et qu’il n’y avoit pomt de fortune qui le pût conso- ler d’être huit jours séparé de lui. Le Roi fut véritablement touché de cette soumission; il n’oublia rien pour obliger Puyguilhem à profiter de la foiblesse de Mademoiselle, et Pay- gmihem n’oublia rien aussi, de son côté, pour faire voir au Roi u*il lui sacrifioit toutes choses. Le désintéressement seul ne t pas prendre néanmoins cette conduite à Puyguilhem : il crut qu elle l’assuroit pour toujours de l’esprit du Roi, et que rien ne pourroit à l’avenir diminuer sa faveur. Son caprice et sa vanité le portèrent même si loin, que ce mariage si grand et si disproportionné lui parut insupportable, parce qu’il ne lui étoit plus permis de le faire avec tout le faste et tout l’éclat qu’il s’étoit proposé. Mais ce qui le détermina le plus puis- samment à le rompre, ce fut l’aversion insurmontable qu’il avoit pour la personne de Mademoiselle, et le dégoût d’être son mari. Il espéra même de tirer des avantages solides de l’emportement de Mademoiselle, et que, sans l’épouser, elle lui donneroit la souveraineté de Dombes et le duché de Montpensier ^. Ce fut dans cette vue qu’il refusa d’abord I. Marguerite de Lorraine, morte en 167^9 ▼«UTe, depuis 1660, de Gaston, dae d’Orléans, et belle-mère de Mademoiselle, a. Tel est le texte. Faat-il lire : « ce qu^il loi a?oit » ? . La principanté de Dombes (Ain) et le duché de Mon^ensier (Puy-de-Dâme) étaient revenus en z538 et i56o à la nAiison de Bourbon, et, à la mort de Mademoi«