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manière de reproche au team perdant : Ooh Kafouzalum ! Kafouzalum, Kafouzalum[1] !

Outre tout cela et mieux encore, pouvait-on voir un commandant en chef, un inspecteur général de cavalerie, et le plus haut personnage du service vétérinaire de toute l’Inde, debout au sommet d’un coach régimentaire, hurler comme des écoliers, tandis que des généraux de brigade, des colonels, de beaux messieurs et des centaines de belles dames faisaient chorus. Mais le Chat Maltais restait, la tête pendante, à se demander combien il lui restait de jambes, tandis que Lutyens, tout en le caressant tendrement, regardait les hommes et les poneys se dégager des débris des deux poteaux de goal.

— Dites donc, demanda le capitaine des Archanges, en crachant un caillou, voulez-vous trois mille roupies de ce poney, — tel qu’il est là ?

— Non, merci. J’ai comme une vague idée qu’il m’a sauvé la vie, répondit Lutyens, en mettant pied à terre et en s’étendant de tout son long.

Les deux teams étaient, eux aussi, étendus sur le sol, en train d’agiter leurs bottes en l’air, de tousser et de chercher à reprendre haleine, pendant que les saïs accouraient pour emmener les poneys, et qu’un officieux porteur d’eau arrosait les joueurs avec de l’eau sale, au point qu’ils finirent par se mettre sur leur séant.

— Mâtin, dit Powell en se frottant le dos et en regardant les tronçons des poteaux de goal. Pour une partie !…

Ils la rejouèrent, cette partie ; ils en rejouèrent chaque coup, ce soir-là, au grand dîner où la Coupe Ouverte à Tous fut remplie et passée à la ronde, et vidée et remplie de nouveau, et où chacun y alla des plus éloquents speechs. Vers deux heures du matin,

  1. Vieille « scie » anglaise.