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droite, tandis que des deux éperons et du fouet un Archange courait après elle ; mais ni fouet, ni éperons n’eussent décidé son poney à donner l’effort voulu en approchant de la foule. Le Chat Maltais lui passa sous le nez, en ramassant de son mieux ses jambes de derrière, attendu qu’il n’y avait pas trente centimètres d’espace entre sa croupe et le mors de l’autre poney. Le spectacle eut toute la grâce d’une figure de patinage. Lutyens frappa de toute la force qui lui restait, mais le stick lui glissa un peu dans la main, et la balle dévia à gauche au lieu de se maintenir près de la limite. Qui-Êtes-Vous se trouvait loin sur le terrain, et pensait ferme tout en galopant. Il répéta, enjambée par enjambée, avec un autre poney des Archanges, les manœuvres du Chat, lui chipant, la balle sous la bride même, dépassant son adversaire d’un quart de pouce, car Qui-Êtes-Vous était maladroit de l’arrière-main. Puis, il s’éloigna vers la droite, tandis que le Chat Maltais s’en venait à gauche ; et Bambou, se mettant dans la course, tint exactement le milieu entre eux deux. Tous trois étaient en train d’attaquer sous la forme d’une large flèche ; et il n’y avait que l’« arrière » des Archanges pour garder le goal, mais à toucher leur croupe couraient bride abattue trois de ces Archanges, et, mêlé à eux, Powell qui menait Shikast sur ce qu’il devinait être leur dernier espoir. Il faut un rude joueur pour affronter la venue de sept poneys affolés dans les dernières reprises d’une partie dont une coupe est l’enjeu, quand les hommes galopent, au risque de se rompre les os, et que les poneys sont en délire. L’« arrière » des Archanges manqua son coup, et n’eut que juste le temps de tourner bride pour laisser passer la charge. Bambou et Qui-Êtes-Vous ralentirent l’allure pour faite place au Chat Maltais, et Lutyens fit goal d’un coup net, précis, sonore, qu’on entendit d’un bout à l’autre du champ. Mais il n’y