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— Laissez-moi continuer. Tous ces gens, sur les quatre côtés, vont commencer à nous serrer, absolument comme ils firent à Malte. Vous allez en entendre crier, se porter en avant, être repoussés en arrière, et vous allez voir l’effet que cela va produire sur les poneys des Archanges. Or, si une balle se trouve envoyée aux limites, suivez-la et laissez les gens s’écarter d’eux-mêmes sur votre chemin. J’ai passé une fois par-dessus le timon d’un mail-coach, piqué une tête dans la poussière et sauvé la partie grâce à cela. Soutenez-moi quand je pars et suivez la balle.

Il s’éleva comme un murmure de sympathie et de surprise générales au moment où les joueurs se remirent en place pour la dernière reprise, et alors se produisit exactement ce que le Chat Maltais avait prévu. Les spectateurs se pressèrent tout près des limites, et les poneys des Archanges se mirent à reluquer l’espace en train de se rétrécir. Si vous connaissez la sensation de se trouver à l’étroit au tennis — non à cause du désir de reculer en dehors du « court », mais pour le plaisir de savoir qu’au besoin c’est possible — vous comprendrez ce que doivent ressentir des poneys qui jouent dans une boîte dont les quatre côtés sont fermés par des êtres humains.

— Je vais embêter quelques-uns de ces gens-là, si je peux me frayer un passage, dit Qui-Êtes-Vous, tout en filant derrière la balle.

Et Bambou approuva de la tête sans parler. Ils jouaient leur va-tout et le Chat Maltais avait abandonné la défense du goal pour les rejoindre. Lutyens lui donna tous les ordres possibles pour le ramener, mais c’était la première fois en sa carrière que le sage petit animal gris jouait le polo sous sa propre responsabilité, et il était décidé à en tirer tout le parti possible.

— Que faites-vous ici ? demanda Hughes comme le