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il s’agit de faire notre goal et de gagner. Je m’en remets au Chat.

— Si vous retombez, cette fois-ci, je crois que vous le sentirez, dit Macnamara.

— Je m’en remets au Chat, répéta Lutyens.

— Vous l’entendez, dit fièrement aux autres le Chat Maltais. Cela vaut la peine d’avoir joué le polo dix ans, pour qu’on en dise autant de vous. Maintenant donc, mes enfants, en avant ! Nous allons ruer un tout petit peu, rien que pour montrer aux Archanges que voici un team qui n’a pas souffert.

Effectivement, comme ils s’en allaient sur le terrain, le Chat Maltais, après s’être convaincu que Lutyens était bien d’aplomb sur sa selle, lança trois ou quatre ruades, et Lutyens se mit à rire. Les rênes se virent ramassées n’importe comment à l’extrémité de sa main en écharpe, sans que sur elles il prétendît compter. Il savait que le Chat répondrait à la moindre pression du genou, et histoire d’amuser la galerie — car son épaule lui faisait grand mal — il fit exécuter au petit gaillard un huit serré autour des poteaux de goal. Un rugissement s’éleva parmi les officiers indigènes et leurs hommes qui n’étaient point ennemis d’un brin de dugabashi (tour de dressage), comme ils appelaient cela, et les cornemuses se mirent très tranquillement et d’un air de dédain à bourdonner les premières mesures d’une banale chanson de bazar dont le titre était : Toujours frais et toujours verts, comme un simple avertissement aux autres régiments que les Skidars étaient en forme. Tous les indigènes se prirent à rire.

— Et maintenant, dit le Chat, comme ils se remettaient en place, rappelez-vous que c’est le dernier quart et suivez la balle !

— Pas besoin qu’on nous le dise, repartit Qui-Êtes-Vous.