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— Ils valent mieux que nous, déclara Shiraz. Je savais ce qu’il en serait.

— Ferme ta grande boîte, dit le Chat Maltais ; nous avons toujours un goal d’avance.

— Oui, mais c’est au tour de deux arabes et de deux du pays à jouer maintenant, dit Bouchon. Faiz-Ullah, rappelle-toi ! ajouta-t-il d’une voix mordante.

En montant sur Aube Grise, Lutyens regarda ses hommes. Ils ne présentaient pas une jolie apparence. Ils étaient rayés de bandes alternatives de poussière et de sueur. Leurs bottes jaunes étaient passées au noir. Ils avaient les poignets rouges et boursouflés, et on eût dit que leurs yeux s’étaient enfoncés de deux pouces dans la tête. Toutefois, l’expression de ces yeux-là était assez satisfaisante.

— Avez-vous pris quelque chose au tiffin ? demanda Lutyens.

Et le team se contenta de secouer négativement la tête. Ils avaient trop soif pour parler.

— Bravo ! Les Archanges n’ont pas fait de même. Ils sont plus à bout de souffle que nous.

— Ils ont les meilleurs poneys, dit Powell. Je ne serais pas fâché d’en avoir fini.

Ce fut un sale quart que le cinquième, de toutes façons. Faiz-Ullah joua comme un petit diable rouge ; le Lapin sembla être partout à la fois, et Benami gouverna droit sur tout ce qui s’en venait sur sa route, tandis que sur leurs poneys les arbitres tournoyaient comme des mouettes autour du jeu en ses déplacements. Mais les Archanges avaient les meilleures montures — ils avaient gardé leurs pur-sang pour la fin — et ne laissèrent pas une seule fois les Skidars se livrer au football. Ils frappèrent la balle d’un bout à l’autre du terrain jusqu’à ce que Benami et les autres fussent sur le flanc. Puis ils se portèrent en avant, tandis que Lutyens et Aube Grise, sans arrêt,