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— Cela m’en a tout l’air, répondit Aube Grise, comme Lutyens enjambait sa selle.

Powel monta le Lapin, un simple bai du pays, qui ressemblait beaucoup à Bouchon, mais avec des oreilles de mulet, Macnamara prit Faiz Ullah, un bon petit arabe roux à dos court, et pourvu d’une longue queue ; et Hughes enfourcha Benami, vieille bête brune et maussade, sous elle du devant plus que ne doit l’être un poney de polo.

— Benami n’a pas l’air commode, dit Shiraz. Êtes-vous bien luné, Ben ?

Le brave vétéran s’éloigna d’un pas raide sans répondre, et le Chat Maltais regarda les nouveaux poneys des Archanges, en train de se pavaner sur le terrain. C’étaient quatre beaux poneys noirs, et ils semblaient, à leur allure, de taille à manger le team des Skidars pour s’éloigner au galop, ce repas dans le ventre.

— Encore des œillères, dit le Chat Maltais. Bien, cela !

— Ce sont des chevaux de bataille — des chevaux de grosse cavalerie ! déclara Cendrillon d’un ton indigné. Ils ne retrouveront plus jamais leur un mètre quarante.

— Ils ont tous été bel et bien mensurés, et sont tous pourvus de leurs certificats, repartit le Chat Maltais ; sans quoi, ils ne seraient pas ici. Ce qu’il faut, c’est accepter les choses telles qu’elles se présentent, et ne pas perdre la balle de vue.

Le jeu reprit, mais, cette fois, les Skidars se trouvèrent parqués dans leur propre camp, et les poneys spectateurs n’en conclurent rien de bon.

— Faiz Ullah est en train de faire le feignant, comme d’habitude, dit Polaris avec un hennissement de mépris.

— Aussi Faiz Ullah trinque, repartit Bouchon.

On entendait la cravache de polo à boucle de cuir