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nique entonna un air populaire, et les deux arbitres, en légers cache-poussière, firent leur apparition sur deux petits poneys fort excités. Les quatre joueurs du team des Archanges suivirent et le spectacle de leurs belles montures fit gémir Shiraz de nouveau.

— Attendez, nous allons voir, dit le Chat Maltais. Deux d’entre eux jouent avec des œillères, et cela prouve qu’ils ne voient par comment se tirer des pieds lorsqu’ils gênent les leurs, ou que les poneys des arbitres sont susceptibles de leur donner de l’ombrage. Ils ont aussi tous des rênes de tresse blanche qui sûrement vont s’allonger.

— Et les hommes ont leur fouet à la main au lieu de l’avoir au poignet. Ah ! dit Cendrillon, en dansant pour se dégourdir.

— Véridique. Il n’est guère possible de manier son stick et ses rênes, en même temps que le fouet tenu de cette façon-là, dit le Chat Maltais. Il n’est pas un mètre carré du terrain de Malte sur lequel je n’aie pris une pelle, et je dois savoir.

Il fit trembler son petit garrot tout pelé, rien que pour montrer la satisfaction qu’il éprouvait ; mais, au fond du cœur, il ne se sentait pas plus gai que cela. Depuis le jour où, pris avec un vieux fusil en acompte sur le paiement d’une dette de jeu provenant d’un pari aux courses, il avait échoué dans l’Inde, amené sur un transport, le Chat Maltais avait toujours joué et prêché le polo sur le dur terrain des Skidars, dans le team des Skidars. Or, le poney de polo tient quelque peu du poète. S’il est né avec l’amour du jeu, on peut en faire quelque chose. Le Chat Maltais savait que s’il existait des bambous, c’était à seule fin de se servir de leurs racines pour tourner des balles de polo ; que si l’on donnait du grain aux poneys, c’était pour les tenir en bonne condition, et que si on les ferrait, c’était pour les empêcher de glisser dans un report en arrière. Mais,