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ginables. Quelques-uns d’entre eux se trouvaient dans des écuries toiturées de nattes, près du terrain de polo ; mais la plupart étaient sellés, et leurs maîtres, les vaincus des parties précédentes, s’en servaient pour trotter de-ci, de-là, et se conter mutuellement la façon précise de jouer le jeu.

C’était un beau spectacle, et le va-et-vient des prompts petits sabots, ainsi que les salutations incessantes des poneys qui s’étaient déjà rencontrés sur d’autres terrains de polo ou champs de courses, eussent suffi à mettre n’importe quel quadrupède dans tous ses états.

Mais le team des Skidars s’arrangeait pour ne pas avoir l’air de connaître ses voisins, quoique la moitié des poneys qu’on voyait sur le terrain fussent curieux de se frotter l’épaule à celles des petits gaillards venus du Nord, et qui jusqu’ici, avaient tout balayé sur leur passage.

— Voyons, dit au Chat Maltais un arabe soyeux, à la robe dorée, qui avait joué fort mal le jour précédent, dites-moi, ne nous sommes-nous pas rencontrés dans l’écurie d’Abdul Rahman, à Bombay, il y a quatre saisons ? J’ai gagné la coupe de Paikpattan à la saison suivante, vous devez vous rappeler ?

— Ce n’est pas moi, répondit poliment le Chat Maltais. J’étais alors à Malte à tirer la charrette. Je ne cours pas dans les courses. Je joue le jeu.

— O-oh ! repartit l’arabe, en dressant la queue, et en s’éloignant d’un air crâne.

— Tenez-vous sur la réserve, dit à ses compagnons le Chat Maltais. Nous n’avons pas besoin de nous frotter le nez à tous ces demi-sang panards de l’Inde Supérieure. Dès que nous aurons gagné cette coupe-ci, ils vendront leurs fers pour nous connaître.

— Ce n’est pas nous qui gagnerons la coupe, déclara Shiraz. Comment vous sentez-vous ?