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LE CHAT MALTAIS



Ils avaient, tous les douze, bon motif de se montrer orgueilleux, et motif meilleur encore d’avoir le trac ; car, bien qu’ils se fussent, partie par partie, taillé la voie à travers les teams engagés pour le tournoi de polo, ils se rencontraient, cet après-midi-là, dans le match final, avec les Archanges. Or, les hommes des Archanges jouaient avec une demi-douzaine de poneys par tête, et comme la partie était divisée en six quarts de huit minutes chacun, c’était un poney frais à chaque reprise. Alors que le team des Skidars, même en supposant qu’il ne survînt pas d’accidents, n’était en mesure de fournir qu’un poney toutes les deux reprises, et deux contre un, cela constitue un sérieux avantage. D’autre part, ainsi que le fit remarquer Shiraz, le syrien gris, ils se rencontraient avec le dessus du panier des poneys de polo de l’Inde Supérieure ; des poneys qui, pour le moins, avaient coûté mille roupies chacun, alors qu’il ne fallait voir en eux-mêmes qu’un lot de roquentins sans valeur, pris un peu partout, et souvent à des charrettes de campagne, par leurs maîtres, lesquels appartenaient à un régiment pauvre mais honnête d’infanterie indigène.

— L’argent, cela veut dire l’allure et le poids, déclara Shiraz, en frottant d’un air malheureux son nez noir et soyeux le long de sa guêtre bien ajustée, et, suivant les maximes du jeu tel que je le connais…