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À Charles Whibley.


Jane Austen est née en 1775 à Stevenson, près de Basington, en Angleterre. Elle était fille d’un ministre anglican ; un de ses frères fut de même ministre anglican ; deux autres furent marins et parvinrent au grade d’amiral dans la flotte anglaise. Sa vie s’est passée tout entière à la campagne ou dans des villes de province. Elle n’est qu’occasionnellement venue à Londres. Elle ne s’est pas mariée. On ne lui connaît ni passion, ni engagement d’amour. Elle n’a laissé aucune action à raconter. Elle existe par les romans qu’elle a écrits : Pride and Prejudice, Northanger Abbey (dont La revue blanche publiera prochainement une traduction sous le titre de Catherine Morland), Sense and Sensibility, Mansfield Park, Emma

Le premier, Pride and Prejudice, présenté en 1798, à l’éditeur Crabe fut dédaigneusement refusé. Le second, Northanger Abbey, vendu d’abord à un éditeur de Bath, pour la somme de dix livres sterling, fut ensuite retourné. L’éditeur à la réflexion, s’estima heureux de recouvrer son argent. Enfin les éditeurs Egerton et Murray, à Londres, consentent à publier ses romans, qui paraissent anonymement.

Quand Miss Austen meurt en 1817, à quarante-deux ans, son nom commençait à être connu. Le premier biographe qui s’occupe d’elle, après sa mort, en 1818, va jusqu’à dire que de bons juges pensaient que ses livres pouvaient soutenir la comparaison avec ceux de Miss Edgeworth et de Miss Burney, les deux femmes de lettres illustres du temps. Cependant la célébrité et la gloire surviennent. Elles se manifestent d’abord par l’admiration d’hommes comme Waltor Scott, Macaulay, G. L. Lewes. Sa renommée a depuis toujours grandi et elle occupe maintenant, du consentement de tous, une des premières places dans la littérature anglaise.

Miss Austen s’est développée spontanément, sur elle-même. Elle est