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de l’homme ; en lui se sera oblitéré le sentiment de la liberté ; il sera prêt à tous les asservissements.

S’il veut efficacement réagir contre ces tendances, le matérialisme ne doit pas se cantonner sur le terrain purement spéculatif, s’adresser exclusivement aux érudits, dédaigner le prosélytisme. Il doit s’efforcer de pénétrer dans l’école, dans la famille. Littré (on a le droit maintenant de s’occuper de ces tristes détails intimes sur lesquels les amis du philosophe, MM. Wirouboff, Robinet, etc., ont appelé l’attention), Littré pouvait facilement préserver sa famille de la maladie religieuse ; — mais non, il voyait d’un œil indifférent la religion accaparer les siens : aussi sa fille l’a-t-elle soumis, à son lit de mort, à la question de l’hostie ; quant à sa veuve, avec la complicité des éditeurs et la collaboration de MM. Hamy et Quatrefages, elle vient de sophistiquer les articles Âme, Conscience, Homme, Instinct, Intelligence de son « Dictionnaire de Médecine et de Chirurgie ».

Il faut résolument entrer dans la voie de la « déchristianisation ». Là est la tâche urgente. Et cette déchristianisation se traduit par l’abrogation du Concordat, la séparation des Églises et de l’État. Toute autre solution est illusoire. Tous les « article-sept » du monde n’ont pour résultats que de créer une popularité à ceux qui les imaginent et à ceux qui sont censés en souffrir ; les premiers prennent des allures de réformateurs aux yeux des citoyens bénévoles disposés à se contenter de réformes apparentes, les seconds, des poses macchabéennes de persécutés.

Les républicains adversaires de l’abrogation du