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chronique politique

habile et fort sage d’ailleurs, des premières phrases de la déclaration. Le gouvernement ne pouvait pas s’en tenir, toutefois, à des généralités ; il a successivement énuméré les diverses questions sur lesquelles il se proposait d’apporter une solution. Ces questions sont les suivantes : lois Ferry et lois sur l’enseignement primaire ; réorganisation de la magistrature ; réforme du personnel administratif ; droit de réunion ; loi sur la presse. Sur ces divers points la déclaration n’entrait, d’ailleurs, dans aucun détail. Elle indiquait les questions à résoudre, non la solution qui, dans la pensée du cabinet, devait leur être donnée. On a reproché au ministère ce caractère un peu vague de son programme. Le reproche n’était pas fondé, car le gouvernement ne devait pas tarder à préciser, par le dépôt de plusieurs projets de lois, quelle solution il entendait donner aux questions énumérées dans la déclaration ; Effectivement, peu de jours après la lecture de ce document, M. Jules Ferry a déposé lesjprojets de lois relatifs à l’obligation et à la gratuité de l’enseignement primaire, et M. Cazot le projet relatif à la réorganisation de la magistrature au moyen de la suppression d’un certain nombre de sièges et de changements de résidence. Quant au droit de réunion, il existait un projet présenté par le précédent cabinet, et sur lequel le ministre de la justice s’est expliqué au sein de la commission. Ce projet ne devait pas tarder, d’ailleurs, à venir en discussion. L’indécision n’a donc pas été de longue durée sur les questions visées dans la déclaration. Au reste, la lecture de ce document, qui porte incontestablement l’empreinte d’une pensée libérale et où se révèle un sérieux désir de marcher en avant, a été fort chaleureusement accueillie par toutes les fractions de la gauche, excepté, toutefois, par l’extrême gauche, qui s’est montrée très réservée. Cette froideur s’explique aisément par ce fait que la déclaration était muette sur le chapitre de l’amnistie. Or, pour l’extrême gauche, rien n’existe en dehors de l’amnistie. Toute la politique de ce groupe, lequel représente plus spécialement les aspirations instinctives et sentimentales du suffrage universel, tient dans ce mot : Amnistie.

Vainement un gouvernement irait jusqu’aux dernières litmites du libéralisme ; vainement’il concéderait toutes les ré-