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ſation reſide entre les mains des Souverain, & qui eſt encore ſi voiſine des Autels, que comme Salomon nous aſſûre, elle eſt plus agréable à Dieu qu’aucune hoſtie qu’on lui puiſſe immoler. [Prov. c. 16. & 21.]C’eſt à mon avis pour cela que ceux de Delphes ſe ſervoient d’un même coûteau à punir les coupables, & à ſacrifier les victimes, voulant donner à entendre qu’il n’y en a point qui plaiſent plus au Ciel que la punition des crimes. [Lib. I. Polit. c. 2.]Je ſai bien qu’Ariſtote ne le prend pas de la forte, & qu’il rapporte l’uſage double de ce glaive Delphique au pur defaut de l’art, qui ne peut pas fabriquer comme la Nature un inſtrument propre & particulier à chaque choſe. Mais je penſe que le ſens moral que nous venons d’expliquer n’eſt pas moins recevable que celui-ci, n’y aïant gueres d’apparence que les Prêtres de Delphes en uſaſſent ainſi par une pure neceſſité ſelon le texte d’Ariſtote. Quoiqu’il en ſoit, les Princes ne participent en rien tant de cette Divinité qu’ils nous repreſentent ici pas, qu’en l’exercice de la Juſtice par la diſtribution des peines & des recompenſes. C’eſt pour cela que leurs Palais ne font jamais plus auguſtes que quand ils ſervent d’aſyle aux opprimez ; & c’eſt pourquoi en uſant comme ils font obligez, leurs pieds doivent