commandement de celui-ci. La devotion
eſt un lien de parfaite amitié entre Dieu & les
hommes ; quand ceux qui les gouvernent en
ſont touchez comme il faut, il n’y a ſorte de
benedictions qu’ils n’attirent ſur eux & ſur
leurs peuples. Mais pour produire ces bons
effets, elle doit être raiſonnable & veritable.
Comme il y a des zéles indiſcrets, il s’en
trouve auſſi d’hipocrites, & l’on voit aſſez de
perſonnes qui n’employent la pieté que comme
un fard ſur le viſage, dont ils ſe tiendroient
intereſſez au dedans. Ce ſont des Cignes qui
couvrent une chair très-noire avec des plumes
fort blanches, & que Moïſe defendoit
pour cela qu’on approchât des Autels. D’ailleurs,
un Roi ſe doit bien empêcher d’être,
ni de paroître ami commun de deux créances.
Si un Mathematicien ne ſouffre pas
qu’on revoque en doute les principes de ſon
Art ; quelle apparence y a-t-il à un Souverain,
de permettre qu’on diſpute de ceux de
ſa Religion ? Et neanmoins il ſera bien d’employer
toujours plûtôt les Docteurs que les
bourreaux, pour ramener à la Foi ceux qui
s’en ſeront écartez. Le malheur de cet État
a voulu que nous ſoions diviſez depuis cent
ans pour ce regard. C’eſt un effet du courroux
du Ciel, & nous devons attendre le
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DE M. LE DAUPHIN.