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tiennent jamais mieux, que par les mêmes moyens qui ont donné lieu à leur établiſſement. Cela étant, il s’enſuit neceſſairement que les Papes ne ſauroient conſerver plus commodément le patrimoine de Saint Pierre, & ce qu’ils ont de grandeur temporelle dans l’Italie, que par la promte aſſiſtance, & par la puiſſante protection des Rois de France, de qui ils ne peuvent nier qu’ils ne tiennent quaiſi tout ce qu’ils poſsèdent. Il faut que nos Monarques reconnoiſſent de leur côté, que jamais leur Empire n’a reçu tant d’accroiſſement, que lors qu’ils ſe ſont entretenus aux bonnes graces des diſpenſateurs de celles du Ciel. Auſſi, puiſqu’il n’y a point de puiſſance temporelle qui ne vienne de Dieu, il ne maintiendroit pas vrai-ſemblablement les Rois dans celle qu’il leur a donnée, s’ils manquoient à rendre ce qu’ils doivent d’honneur & de reverence aux perſonnes qu’il a établies ſes Lieutenants en terre, pour les choſes ſpirituelles & qui touchent la Religion. On ne ſauroit donc éléver les Princes dans de trop tendres ſentimens pour tout ce qui la concerne ; ni trop les éloigner de ces maximes pleines d’impieté, qui portent que les ſoins exceſſifs de l’autre monde ne ſont pas propres pour ceux qui ſont deſtinez au