Page:La Mothe Le Vayer - Œuvres, Tome 1, Partie 1, 1756.pdf/84

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

demandent une reconnoiſſance qui leur ſoit proportionnée, & ceux dont nous parlons commettroient une extréme ingratitude envers la Bonté Divine, ſi pleins de zéle pour ſon ſervice ils ne donnoient l’exemple à leurs Sujets d’une veritable dévotion. Auſſi voyons-nous, que depuis Melchiſedec la plûpart des Rois de la terre ont joint le Sacerdoce à leur Diadême, & n’ont pas fait moins de compte de ſervir aux Autels, que de commander aux peuples. [3. Polit. c. 14. Dionys. Halic. l. 2. Cic. l. 1. de Divin.]Dès les premiers ſiècles, qu’Ariſtote nomme Heroïques, il obſerve que les Rois en uſoient ainſi. Ceux de Sparte, de Perſe, d’Egypte, & de Rome même pendant qu’elle en a ſouffert, étoient tous Souverains Sacrificateurs dans leurs Etats. Et le Poëte nous décrivant ce bon Roi Anion, conjoint encore le Pontificat avec ſon Empire. Je remarquerois comme les noms de Cherifs, de Califes & de Miramammolins, ſont d’un abſolu pouvoir tant au ſpirituel qu’au temporel, s’il ne valoit mieux s’arrêter ſur ce que dans la vraie Religion nos Princes Chrêtiens font une ſi exacte profeſſion du culte divin, que tous leurs habits de parade, nommément ceux du Sacre de nos Rois, ſont Sacerdotaux ; pour ne rien dire de leur onction, & de ce qu’ils prennent place com-