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celui qui enſeigne, & celui qui eſt enſeigné ; d’où ils veulent conclure, que ſelon ce Philoſophe il ne ſe peut faire qu’il ne ſe trouve de la mèſintelligence entre eux, & par conſequent peu de cette douceur que nous venons de dire être ſi neceſſaire. La réponſe eſt facile à ceux qui conſidéreront l’intention d’Ariſtote, quand il a mis en avant cette propoſition. Car ce n’a été que pour en maintenir une autre des principales de toute ſon Ethique, qui aſsûre que l’amitié eſt toujours en l’égalité, & qui lui fait dire encore, qu’entre un homme riche & un indigent, voire même entre Dieu & les hommes, on ne ſauroit ſuppoſer qu’il y ait de l’amitié, à cauſe de l’inégalité des ſujets. Il faut donc avouer qu’elle ne ſe trouve point veritablement ſelon cette doctrine entre ces relatifs, en tant qu’ils ſont tels, pour uſer des termes de l’Ecole, mais que cela n’empêche pas qu’on ne l’y puiſſe bien recevoir par beaucoup d’autres reſpects. D’ailleurs, il y a encore pluſieurs eſpéces d’amitié outre celle qui conſiſte en cette parfaite égalité des Philoſophes, que nous voyons néanmoins contraints d’en mettre quelquefois juſques parmi les choſes contraires, qui ne s’uniroient jamais ſans cela. Auſſi pour revenir à celle qui doit être entre