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DE M. LE DAUPHIN.


ne ſoient au moins un très-grand ornement à ceux qui les poſſedent ; & ce que je viens de dire de l’excellence de nos Rois ſur ce ſujet, n’eſt que pour montrer avec combien de ſoin & de curioſité ils ont été inſtituez. À la verité, on ne ſauroit nier que l’art de réqir les peuples, & de ſubjuguer les ennemis qui eſt le propre exercice des Princes, ne conſiſte beaucoup plus en l’action qu’en la contemplation. [Βασιλεία γὰρ μέγιστον μὲν τῶν κατ᾽ ἀνθρώπους, ἀδίδακτον δέ. Philoſtrat. l. 5. de vita Apol. cap. 13.]Et je n’ignore pas la réponſe que fit Apollonius à Veſpaſien, qui le prioit de lui apprendre la ſcience de bien regner, quand il l’aſſûra, que comme il lui demamdoit la plus importante choſe du monde, elle étoit auſſi celle de toutes qui pouvoit être le moins enſeignée. Mais bien que les préceptes ſeuls ne ſoient pas ſuffiſans pour cela, & quoi que la Nature & l’exercice ſemblent donner ce qui fait les grands Potentats ; il faut avouer pourtant qu’une bonne nourriture, & une ſoigneuſe inſtruction, contribuent merveilleuſement à leur perfection. Comme il n’y a point de marbre qui ſoit naturellement ſi beau ni ſi accompli, qu’il n’en faille retrancher beaucoup avec le ciſeau, & le polir fort aſſiduement pour en faire une ſtatue d’Alexandre, & y trouver cette forme dans ſa matière : On ne voit point non plus


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