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du Nil, ſelon qu’il inonde plus ou moins leurs campagnes. Mais j’oſe dire, que l’inſtruction de ceux qui doivent gouverner, eſt une marque bien plus certaine du bonheur à venir, ou de l’infelicité future des États, qui peuvent régler ſur cette meſure leurs craintes, ou leurs eſperances. Or cela étant ainſi, c’eſt une choſe étrange, qu’il ſe trouve des tems où l’on n’apporte pas tout le ſoin poſſible à la nourriture des Souverains. L’Empereur Julien reprend Lycurgue dans l’une de ſes Oraiſons, de ce qu’aiant voulu laiſſer le Royaume de Sparte héréditaire aux deſcendans d’Hercule, il avoit oublié d’ordonner qu’ils fuſſent élévez autrement que le commun des Lacedemoniens, qui alloient pour cela du pair avec leurs Rois. Mais le defaut eſt ſans comparaiſon plus grand dans un État veritablement Monarchique, où l’abſolue puiſſance du Prince en toutes choſes ſemble requerir une capacité de même étendue, qu’il n’eſt pas dans une Royauté limitée comme celle de Sparte, où les Rois étoient juſticiables des Ephores, auſſi bien que le moindre Citoyen, & où ils n’avoient rien de plus que le commun, après le titre & la préséance, ſi non la portion double qu’on leur donnoit au repas. Sans mentir, il y auroit dequoi s’étonner, que