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LA VIE


grand cas des hommes ſavans. Après avoir abdiqué la Couronne le 16. Juin en faveur de Charles Guſtave Duc de Deux-Ponts de la branche de Baviere Palatine, ſon Couſin germain, elle paſſa par la France, & delà alla à Rome, où elle mourut en 1689.

La carriére, dans laquelle entroit Louis ſurnommé alors Dieu-donné, pouvoit bien laiſſer quelques intervalles aux inſtructions de Mr. le Vayer : mais elle étoit & trop brillante & trop variée, pour qu’il pût tenir ſon Roial Eleve dans des exercices fixes & reglés. Ce Télémaque n’étoit pas toûjours ſous les yeux de ſon Mentor.

Celui-ci quoiqu’il eût la prudence de ſe maintenir en eſtime & en crédit à la Cour, ne laiſſoit pas de décliner par rapport à l’âge. Il n’en eſt pas moins vrai, que ſes ouvrages ne ſe reſſentent guères de ce déclin. L’on a pu voir par la protection conſtante dont Louis XIV. a honoré les gens de lettres, combien l’on doit en être redevable à ceux, qui avoient aidé à former ſon cœur & qui y avoient jetté ces premiéres ſemences, dont les fruits ont concouru avec tant de ſuccès à rendre immortelle la mémoire de ce Monarque. L’année 1655. en voiant reprendre les propoſitions de Paix avec l’Eſpagne, vit entamer le projet du mariage du Roi avec l’Infante Marie Théreſe. Le Cardinal avoit ce projet trop à cœur : Mais ce ne fût qu’en 1659. que les conférences de Ile des Faiſans entre le Cardinal & Don Louis de Haro, la Paix des Pyrénées & l’accord du mariage de Louis XIV. eurent lieu. Ce dernier article en