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les plus ſereins eſt comme la mer expoſée au flux & reflux, aux orages, aux tempêtes, aux écueils, ou comme la terre ſujette aux ſecouſſes, aux tremblemens, aux éruptions, étoit alors agitée au dedans & au dehors.

Mazarin, contre lequel il y avoit eu des Arrêts fulminans, étoit abſent, & n’en influoit pas moins ſur la conduite de la Reine. Il revint de Cologne joindre le Roi à Poitiers & le ramena à Angers. Le ſéjour du Cardinal ne pût être long, il quitta de nouveau la Cour, & ſe retira à Bouillon le 19. Aout.

En 1653. le Cardinal revint à Paris. Les orages étoient comme paſſés, les traverſes n’avoient fait qu’ébranler ſa fortune ; elles n’avoient pû la renverſer, il parvint à ſe faire reſpecter. Quel champ pour la prudence & la circonſpection requiſes dans le poſte de Mr. le Vayer ! Les Muſes aiment le repos ; il ne lui étoit guères poſſible de donner au Roi des leçons ou des inſtructions ſuivies : quoiqu’il fût de quelques Voiages de S. M. comme nous le voions par les Dédicaces que Mr. l’Abbé a mis devant les Ouvrages de ſon Pere. L’an 1654. dût fournir à Mr. le Vayer des occupations bien ſublimes tant pour les inſtructions du Roi, que pour celles de Monſieur. Le jeune Monarque fût ſacré à Rheims le 7. Juin par l’Evêque de Soiſſons, Henri de Savoie, Duc de Némours nommé à l’Archéveché de Rheims n’aians pas encore l’ordre de la Prêtriſe. Mr. le Vayer dût en cette même année être à portée de conferer avec la Reine Chriſtine de Suede, qui faiſoit