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LA VIE

« Je le fus remercier d’une ſi grande grace, & je puis bien croire, que les bons offices de Mr. de la Mothe me l’avoient procurée, lui qui avec tant de généroſité a toûjours fait profeſſion d’obliger ſes amis & ſur tout ceux, qui s’appliquent aux Lettres. Ce grand perſonnage, à qui ſa haute vertu & ſon ſavoir très exquis ont mérité les emplois, qu’il a ſi dignement exercés, eſt heureux par la joie, qu’il ſe peut promettre d’un fils unique qui a tant d’amour pour les Belles Lettres, & tant de capacité de faire bien toutes choſes pour acquerir une réputation digne de ſon courage & de la gloire de ſon nom. »

Conſtant dans ſon train de vie, dans ſes occupations, dans ſes loiſirs, ſi tant eſt qu’il en eût, Mr. le Vayer s’acquitta ſi dignement de ſon emploi auprès de Monſieur, qu’enfin la Reine ne pût lui refuſer la juſtice, qu’il méritoit à tant égards. S. M. avoit été plus à portée de l’examiner de près & d’éclaircir les fauſſetés des premiéres inſinuations ; d’ailleurs il étoit veuf & il avoit encore ſon digne fils, ainſi la raiſon ou le prétexte, par où il avoit été d’abord exclu de la place de Précepteur du Roi ne ſubſiſtant plus, la Reine de ſon propre mouvement le choiſit auſſi pour cette place, où pluſieurs avoient déjà échoué. Ce fût au mois de Mai 1652. Le voilà donc au comble de la gloire à laquelle on croiroit que peut aſpirer un homme ſi diſtingué dans le monde litéraire, & dans celui de la Cour. Mais où eſt l’homme qui nous ait encore fourni un exemple vrai du parfait bonheur ici bas ? La Cour qui même dans les tems