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LA VIE

« Mais je ne laiſſe pourtant pas de dire, qu’en parlant, d’un Pyrrhonien de ce caractère, il eſt juſte d’obſerver & pour ſon honneur & pour l’édification publique, qu’il n’a donné ou crû donner nulle atteinte à ſa Réligion. Juſtice duë, ſur tout à Mr. de la Mothe le Vayer. dont les glorieux emplois nous parlent en ſa faveur, & qui comme Bayle lui-même l’a dit, étoit un homme d’une conduite reglée & ſemblable à celle des Sages, un vrai Philoſophe dans ſes mœurs. »

Pour mieux appuier cette défenſe, nous n’avons qu’à le conſulter lui-même.

Il parle avec trop de franchiſe pour qu’on puiſſe le ſoupçonner de reſtrictions.

Voici comment il s’exprime dans un de ſes ouvrages. [De la liberté philoſoph. Ch. IV.]« Or aiant ainſi reglé ce qui eſt de la liberté philoſophique & demeurant pour réſolu qu’elle ne doit jamais s’étendre jusqu’aux choſes, qui vont contre la réligion, la Police, ou les bonnes mœurs, il nous reſte à conſiderer s’il eſt vraiſemblable, qu’il ſe trouve des hommes, qui jouiſſent en tout le reſte d’une vraie liberté philoſophique, & qui n’aiant plus de paſſions dereglées qui mépriſent les honneurs, les plaiſirs, les richeſſes & tous les autres biens, qui ne s’acquierent ou ne ſe conſervent que par la perte de nôtre liberté. »

Quiconque lira ſes ouvrages ſans prévention, y trouvera par tout le caractere de l’honnête homme, du Philoſophe & du bon Chrétien. « Au milieu de ſa nombreuſe Bibliotheque il ſe voioit entouré de livres écrits en divers ſiécles, en diverſes langues, dont l’un lui diſoit blanc, l’autre noir.