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DE Mr. LE VAYER.


te reglée, ſemblable à celle des anciens Sages. Un vrai Philoſophe dans ſes mœurs, qui mepriſoit même les plaiſirs permis, & qui aimoit paſſionnément la vie de Cabinet, à lire & à compoſer des livres. Il étoit grand Sceptique, & on le ſoupçonna de n’avoir aucune Réligion. » Et voilà le grand cheval de bataille de ceux qui ne ſavent plus que dire pour nuire à un Savant. Auſſi Bayle ajoute-t-il, en citant Mr. l’Abbé d’Olivet ſavant integre & connoiſſeur « que le Pirrhoniſme de Mr. le Vayer ne s’étendoit pas aux vérités de la Foi. Il y a, continuë-t-il, beaucoup de profit à faire dans la lecture de cet Ecrivain & nous n’avons point d’auteur François qui approche plus de Plutarque que celui-ci. » Pour mieux faire voir à quel point ſe laiſſe quelque fois emporter un écrivain, qui croit ſe donner du relief en aviliſſant le mérite, il s’eſt bien trouvé un Auteur qui prétend que les ouvrages de la Mothe le Vayer [Vigneul Marville, Mélang d’Hiſt. & de Litt. T.II.p.300]ne ſont qu’un amas de ce qu’il avoit trouvé de meilleur dans le cours de ſes lectures, qu’on liſoit autrefois ces ſortes de rapſodies mais quelles ne ſont plus de nôtre goût. Voici ſa défenſe par Mr. Bayle qui parle en conoiſſeur « Il y a trop de dureté & trop d’injuſtice dans ce jugement : Les perſonnes équitables mettront toûjours une grande différence entre les Ecrits de la Mothe le Vayer & les Rapſodies…

« il ſe contentoit de confirmer ſes pensées par celles des plus excellens auteurs de l’antiquité, ou d’emploier des éruditions, qui fourniſſoient de nouvelles vues par l’application, qu’il en faiſoit,