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DE Mr. LE VAYER.


mission que le nombre fut complet, pour la premiere fois.

Quelque décidé pourtant que fût le goût de nôtre Auteur pour la retraite, ſon admiſſion à l’Académie, toute flatteuſe qu’elle étoit, ne laiſſoit pas de lui dérober bien du tems, qu’il auroit plus volontiers emploié à composer des ouvrages, ou à relire & retoucher ceux qui étoient déjà composés. Mr. Patin obſerve, que juſqu’à l’année qu’il mourut, il fut en état de ſatisfaire pleinement ſa plus forte paſſion, qui étoit d’écrire des livres, il faut convenir, ajoute-t-il, que ceux, qu’il fit dans un âge décrépite devoient le faire trouver jeune dans ſa façon de penſer.

L’on en jugera mieux ſur ce qu’en dit Mr. Perrault dans les hommes illuſtres du dernier ſiécle. Après avoir dit, auſſi bien que Moreri, que Mr. le Vayer a été un des premiers, qui a été reçû à l’Academie Françoiſe lors de son établiſſement, il ajoute « les ouvrages, qu’il a compoſés & qui sont d’un nombre prodigieux, ſont dans les mains de tout le monde, & ont été recueillis en trois Volumes in folio & en quinze petits in 12mo. Il n’y a presque point de matiere de celles qui méritent l’attention & l’examen d’un homme de lettres, & particuliérement de queſtions de Morale, dont il n’ait écrit, & ſur lesquelles il n’ait rapporté presque tout ce qui a été dit par les anciens & les modernes. On le regarde comme le Plutarque de nôtre Siécle, ſoit pour ſon érudition qui n’a point de bornes, ſoit pour ſa maniere de raiſonner & de dire ſon ſentiment


Tome I. Part. I. C