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LA VIE


ſenti les inconvéniens & trouvé le fardeau trop peſant ? l’on a beau revêtir du nom de dignité les emplois les plus diſtingués ; il n’en reſte pas moins vrai, qu’à les bien nommer, ce ſont des charges ; les Auteurs les appellent indifféremment munera & onera.

Enfin Mr. le Vayer ſe démit de ces peſantes dignités de la Robe & de la Magiſtrature : il renonça à cette charge, qu’il avoit héritée de ſon père, & il s’en défit pour n’avoir d’occupation que ſes études. Alors livré à lui même, il lui fut ſans doute plus aisé de ſe répandre dans les compagnies choiſies, & ſur tout parmi les gens de lettres. Pour juger ſainement de ſon caractère, de ſes mœurs, de ſa conduite & ſur tout de ſon immenſe érudition, l’on n’a qu’à lire ſes ouvrages.

Bien entendu que certains lecteurs n’interpreteront pas ceci a toute rigueur ; rien ne ſeroit ſi précaire qu’un pareil jugement ; ſur tout à l’égard d’un Savant de cet ordre & qui avoit tant écrit. Il ſemble nous prévenir lui même à cet égard dans un de ſes ouvrages où il dit : que les plus grands Auteurs ont beſoin d’être interprétés favorablement, & il ajoute les livres d’un homme ſont à mon ſens de for mauvais garans de ſes inclinations & je n’ai jamais crû, qu’on pût former un bon jugement des mœurs d’une perſonne par ſes écrits.

La quantité d’ouvrages, que nous avons de lui, la variété, les différens ſujets, ſans compter qu’il y en aura eu beaucoup qui n’auront pas été imprimés, & qui n’avoient pas été travaillés à ce deſſein, tout concourt à nous prouver, qu’il a toùjours