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DE Mr. LE VAYER.

« La ſcience des plus ſavans Hommes ſe referme ordinairement dans la connoiſſance de ce qu’ont fait, ou de ce qu’ont dit les Grecs & les Romains. Ils regardent le reſte du monde peu digne d’être conſidéré, perſuadés que la valeur, la ſageſſe, & toutes les vertus imaginables ne ſe rencontrent en quelque ſorte de perfection, que parmi ces deux peuples. » Nous avons jugé à propos de ne pas retrancher ce préambule de Perrault, afin de mettre nos lecteurs mieux au fait du caractère de nôtre auteur, & qu’on puiſſe par là être plus en état de juger de l’uſage, qu’il a fait de ſon tems, dès les premiéres années, de ſes études & juſqu’à ce que ſon rare mérite ait commencé de briller & de lui donner à bonne heure un rang diſtingué parmi les Savans du premier ordre. [Perrault. Hommes illuſtres.] « La Mothe le Vayer, continuë ſon hiſtorien, n’a pû ſouffrir des bornes ſi étroites à ſon érudition. Après s’être rempli de tout ce qui s’eſt fait & de tout ce qui s’eſt dit dans l’ancien monde, il n’a connu aucune nation ſur la terre, dont il n’ait entrepris de ſavoir le génie, les mœurs & les coutûmes ; en un mot, il a voulu connoître le monde entier. Il a vû, & enſuite nous a fait voir, qu’il n’y a point de pensée, de ſentiment & de coûtume, ſi étrange & ſi abſurde qu’elle puiſſe être, qui ne ſoit tenuë & établie dans quelque païs d’une étenduë conſidérable. » Pour un Génie auſſi vaſte, les bornes de la Juriſprudence & même de la Magiſtrature du premier ordre, étoient certainement trop étroites. Ou qui ſait, ſi Philoſophe, comme il l’étoit, il n’en aura pas


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