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trois ou quatre labours consécutifs, toujours le pied dans l’eau, on brise les mottes avec la tête du hoyau : ensuite, à l’aide d’une machine de bois, sur laquelle le laboureur se tient debout pour conduire le buffle qui la traîne, on l’aplanit si parfaitement, que l’eau se distribue partout à une hauteur égale ; aussi ces plaines ressemblent-elles plus à de vastes jardins qu’à une simple campagne.

Toutes les montagnes de la Chine sont cultivées : on n’y aperçoit ni haies, ni fossés, ni presque aucun arbre, tant les Chinois ménagent le terrain. C’est un spectacle fort agréable dans quantité de lieux que de voir des plaines de trois ou quatre lieues de longueur environnées de collines et de montagnes qui, depuis le pied jusqu’au sommet, sont coupées en terrasses hautes de trois ou quatre pieds, élevées quelquefois l’une sur l’autre, jusqu’au nombre de vingt ou trente. Ces montagnes ne sont pas ordinairement pierreuses comme celles d’Europe. La terre en est si légère, qu’elle se coupe aisément, et si profonde dans plusieurs provinces, qu’on y peut creuser trois ou quatre cents pieds sans rencontrer le roc. Lorsqu’elles sont pierreuses, les Chinois en détachent les pierres, et en font de petites murailles pour soutenir les terrasses ; ils aplanissent ensuite la bonne terre, et sèment le grain.

Ils poussent encore plus loin l’industrie. Quoiqu’il y ait dans quelques provinces des montagnes désertes et incultes, cependant,