Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 7.djvu/89

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

mais les toques et les plastrons des rameurs étaient moins riches.

Les Siamois qui étaient rangés sur les deux rives se mirent à genoux d’aussi loin qu’ils aperçurent le roi, et portèrent les mains jointes sur la tête pour saluer ce prince, en touchant la terre du front dans cette posture, et recommençant sans cesse cette salutation jusqu’à ce qu’ils l’eussent perdu de vue. Vingt ballons à chiroles et à rames rayées de lignes d’or suivaient celui du roi, et seize autres, moitié peints, moitié dorés, fermaient toute la marche. Tachard en compta cent cinquante-neuf, dont les plus grands avaient plus de cent vingt pieds de long, mais à peine six pieds dans leur plus grande largeur. Il y avait sur ces Ballons plus de quatorze mille hommes. Au retour, qui fut l’après-midi du même jour, le roi, pour donner de l’émulation aux rameurs y proposa un prix pour ceux qui arriveraient les premiers au palais. Les spectateurs prirent beaucoup de plaisir à leur voir fendre l’eau avec une extrême rapidité, et jeter continuellement des cris de joie ou de tristesse lorsqu’ils gagnaient ou qu’ils perdaient l’avantage. La ville entière et tout le peuple d’alentour assistaient à ce spectacle. Cette foule était rangée vers les rives dans une infinité de ballons qui formaient deux lignes entre la ville et la pagode, c’est-à-dire l’espace d’environ trois lieues. Tachard, après les avoir vu passer, jugea que les ballons étaient au nombre d’en-