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accorde qu’une, et toutes les affaires sont remises au barcalon, qui doit en rendre compte au roi. Mais ce prince, pour distinguer cette ambassade de toutes les autres, fit dire à l’ambassadeur que, chaque fois qu’il souhaiterait une audience, il était prêt à la lui donner. En effet, huit ou dix jours après l’audience d’entrée, il lui en donna une seconde, qui fut suivie d’un grand festin. On avait dressé à l’ombre des arbres, dans la première cour du palais, sur le bord d’un canal, une grande table de vingt-quatre couverts, avec deux buffets garnis de très-beaux vases d’or et d’argent du Japon, et plusieurs cassolettes où le précieux bois d’aigle n’était pas épargné. On se mit à table après l’audience, et l’on y fut près de quatre heures. On y servit plus de cent cinquante bassins et une infinité de ragoûts, sans parler des confitures, dont on fait ordinairement deux services. On y but de cinq ou six sortes de vins. Tout y fut magnifique et délicat. Le roi voulut que, pour honorer l’ambassadeur et rendre cette fête plus agréable, les Français fussent servis ce jour-là par les principaux seigneurs de son royaume.

Ce qu’on publiait de la pagode du palais et des idoles dont elle est remplie, ayant donné aux Français la curiosité de les voir, on ne fit pas difficulté de leur accorder cette satisfaction. Après avoir traversé huit ou neuf cours, ils arrivèrent enfin à la pagode : elle est couverte de calin, qui est une espèce de