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ne sortent que pour jouer de leurs instrumens de musique aux funérailles.

On distingue d’autres sectes, mais qui ont fait peu de progrès ; cependant celle de Lanzo, qui est la secte des magiciens, s’est acquis l’estime des grands et le respect du vulgaire. On consulte ses chefs dans les occasions importantes, et leurs réponses ou leurs prédictions passent pour des inspirations du ciel.

On en distingue plusieurs classes. Ceux qu’on appelle thay-bou sont consultés sur tout ce qui concerne les mariages, la construction des édifices et le succès des affaires. Leurs réponses sont payées libéralement ; et pour soutenir le crédit de ces impostures, ils ont toujours l’adresse de les envelopper dans des termes équivoques qui paraissent s’accorder avec l’événement. Les magiciens de cette classe sont tous aveugles, ou de naissance, ou par accident, c’est-à-dire que tous ceux qui ont perdu la vue embrassent la profession de thay-bou. Avant de prononcer leurs oracles, ils prennent trois pièces de cuivre, sur lesquelles sont gravés certains caractères, et les jettent plusieurs fois à terre, dans un espace où leurs mains peuvent atteindre. Ils sentent chaque fois sur quelle face elles sont tombées ; et, prononçant quelques mots dont le son ne passe pas leurs lèvres, ils donnent ensuite la réponse qu’on leur demande. Nos Quinze-Vingts ne feraient pas mieux.

Les thay-bou-toni sont ceux auxquels on