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tard, parce qu’ils répondent des vols qui seront dans l’étendue de leur gouvernement. Ceux qui craignent les obstacles n’entrent dans ces lieux que pour y prendre des vivres ; et, sortant de bonne heure, ils campent dehors sous quelque arbre, où ils attendent l’heure commode pour la marche.

Dans les Indes, un village est bien petit, s’il ne s’y trouve un de ces changeurs qui se nomment chérafs, et qui servent de banquiers pour les remises d’argent ou pour les lettres de change. Mais le change est ordinairement fort haut, parce que ceux qui avancent leur argent sont exposés au risque de le perdre lorsque les voyageurs, sont volés. Ils ont d’ailleurs un usage fort incommode pour les paiemens. Leur maxime est toujours qu’une pièce ancienne d’or ou d’argent vaut moins que celles qui sont nouvellement battues, parce que les vieilles, ayant souvent passé par les mains, en sont devenues plus légères. Si l’on n’explique pas soigneusement qu’on veut être payé en argent neuf, on ne reçoit que d’anciennes pièces, sur lesquelles on perd en effet trois ou quatre pour cent. Il se trouve fort peu d’argent faux ; et si le hasard en faisait découvrir une pièce dans le paiement qu’on a reçu, il vaudrait mieux la couper et la perdre que d’en porter ses plaintes, parce qu’il y a de fâcheux risques à courir. On serait obligé de rendre le sac à celui qui l’a donné ; ce qui continuerait d’aller de l’un à l’autre jusqu’à