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mieux que les Européens, non-seulement les perles, mais encore tous les joyaux qui ont quelque chose d’extraordinaire, à l’exception néanmoins du diamant.

Quoique les perles de Baharein et d’El-Katif tirent un peu sur le jaune, on n’en fait pas moins de cas que de celles de Manar, parce que tous les Orientaux prétendent qu’elles sont mûres ou cuites, et que leur couleur ne change jamais. On a fait une remarque importante sur la différence de l’eau des perles, qui est fort blanche dans les unes, et jaunâtre, ou tirant sur le noir, ou plombeuse dans les autres. La couleur jaunâtre vient, dit-on, de ce que les pêcheurs vendant les huîtres par monceaux, et les marchands attendant quelquefois pendant quinze jours qu’elles s’ouvrent d’elles-mêmes pour en tirer les perles, une partie de ces huîtres, qui perdent leur eau dans cet intervalle, s’altèrent jusqu’à devenir puantes, et la perle est jaunie par l’infection. Cette observation paraît d’autant plus vraie, que, dans toutes les huîtres qui ont conservé leur eau, les perles sont toujours blanches. On attend qu’elles s’ouvrent d’elles-mêmes, parce qu’en y employant la force, comme on le fait pour celles qui se mangent, on pourrait endommager et fendre la perle. Les huîtres du détroit de Manar s’ouvrent naturellement cinq ou six jours plus tôt que celles du golfe Persique ; ce qu’il faut attribuer à la chaleur, qui est beaucoup plus grande à Manar, c’est-à-dire au