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on n’a que trop souvent l’occasion de le remarquer dans les marchandises de cette nature qui se transportent en Europe. Dampier raconte que de son temps les Anglais qui entreprenaient le voyage de Tonquin se faisaient accompagner d’un habile menuisier de l’Europe, pour le travail des meubles, qu’ils donnaient à vernir ensuite aux ouvriers du pays. Ils portaient avec eux jusqu’à des ais du sapin d’Europe, qui vaut beaucoup mieux que le ponc. Enfin l’on ajoute que les maisons où l’on travaille à la laque sont très-malsaines, ce qu’on regarde comme l’effet d’une espèce de poison qui est renfermé dans cette gomme, et qui pénètre par les narines jusqu’au cerveau des ouvriers. On les voit couverts de pustules et d’ulcères, quoique l’odeur de la matière qu’ils ont entre les mains n’ait rien d’ailleurs de trop fort ou de désagréable. Ils n’y peuvent travailler que dans la saison sèche, ou pendant le souffle des vents du nord, qui sèchent beaucoup, parce qu’ils mettent plusieurs couches de vernis l’une sur l’autre, et que la dernière doit toujours être sèche avant qu’on y en mette une nouvelle. Avec quelque soin qu’il ait été conservé, il devient noirâtre aussitôt qu’il est exposé à l’air ; mais l’huile et d’autres ingrédiens qu’on y mêle relèvent l’éclat de sa couleur. La dernière couche n’est pas plus tôt sèche, qu’on s’attache à la polir. Cette opération, qui ne consiste qu’à la frotter beaucoup avec la paume de la main, la