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billement, du bananier, qui ne sert ailleurs qu’à la nourriture de l’homme. Dampier, qui nous cite le fait, ne nous apprend pas pourquoi cette invention ne s’est pas communiquée au reste des Indes. Le vulgaire de cette île n’est habillé, dit-il, que des draps qu’on fait du bananier. On sait qu’il ne produit qu’une fois à Mindanao. Lorsque le fruit est mûr, on coupe le bananier près de la terre, pour en faire du drap. Un long couteau suffit pour le partager en deux ; ensuite on en coupe la tête, qui laisse un tronc de huit ou dix pieds de longueur. On lève les écorces extérieures, qui sont fort épaisses du côté des racines. Le tronc devient alors d’une égale grosseur et de couleur blanchâtre ; on le fend par le milieu, après quoi l’on fend encore les deux moitiés le plus près du milieu qu’il est possible. On laisse tous ces morceaux au soleil l’espace de deux ou trois jours, pendant lesquels une partie de l’humidité de l’arbre se sèche, et les bouts paraissent alors pleins de petits filets. Les femmes, dont l’occupation est de faire les draps, prennent un à un ces filets, qui s’enlèvent aisément depuis un bout du tronc jusqu’à l’autre, de la grosseur à peu près d’un fil mal blanchi ; car les filets sont naturellement d’une grosseur fixe. On en fait des pièces de vingt à vingt-cinq pieds de long, dont la chaîne et la trame sont de même matière et de même grosseur. Ce drap dure peu ; mais la facilité de le faire supplée à sa bonté. Il est dur lorsqu’il